Le super-héros: un fantasme

À première vue, on peut expliquer assez facilement le succès de ces héros : dans la plupart des cas, on a affaire à un être banal et insignifiant dans la vie réelle qui, souvent par accident, prend un physique de rêve (si l'on en juge par leur musculature et leur silhouette bien découpée) et devient soudain un vaillant défenseur de la veuve et l'orphelin doté de super-pouvoirs et acclamé par tous. De plus, il échappe à tous les côtés négatifs de la gloire et de la célébrité grâce à sa double-identité, qui lui permet de rester dans l'ombre tout en demeurant l'idole de la foule naïve.


Batman est notamment très populaire car il ne dispose d'aucun super-pouvoir et est parfois pris de doutes, ce qui le rend encore plus proche du public.



Les adolescents peuvent se retrouver pour leur part dans Spider-Man, qui est un jeune garçon cherchant à trouver sa place dans la société.
Les frères Bogdanov (connus pour leur émission Temps X et passionnés de sciences-fiction) ont étudié cette fascination qu'exercent les super-héros, qu'ils traduisent d'abord comme un phénomène d'identification, favorisé par le recul des religions et par un certain malaise devant la puissance de la science. Ainsi, tout le monde peut s'identifier aux super-héros, qui sont à la base des personnes timides, gauches et très communes. Il s'agirait donc plus ou moins d'un fantasme.

Concernant les super-héroïnes, on peut effectivement parler de fantasmes: formes pulpeuses, tenues moulantes (Catwoman) ou microscopiques (Wonder Woman), beauté parfaite... Si elles connaissent moins de succès, c'est que les scénarios de leurs histoires sont médiocres, voire ridicules oudérisoires, le but étant de mettre au premier plan une délicieuse créature gentiment provocante dans les poses les plus sexy. Personne n'est ici dupe, le fantasme est beaucoup trop poussé pour que le public se retrouve dans ces trop belles héroïnes.